Seth Klarman, Margin of safety – Comment bien gérer son portefeuille ?

Dans ce chapitre, l’auteur nous livre quelques conseils pratiques pour bien gérer son portefeuille. Il nous donne sa position quant au niveau de diversification qu’il trouve le plus approprié, insiste sur la nécessité de rester à l’écoute du marché sans pour autant tomber dans les travers du trading à court terme et enfin partage quelques conseils pour bien vendre.

« La capacité d’un investisseur à renforcer une position à la baisse permet de distinguer un réel investissement d’un achat spéculatif. Si l’action offre une vrai opportunité, l’investisseur n’hésitera pas à renforcer sa position. Si, avant même d’avoir acheté, vous savez que vous ne seriez pas prêt à renforcer votre position si le titre venait à baisser, vous ne devriez vraisemblablement pas acheter du tout. »

La gestion d’un portefeuille inclut l’activité d’achat, de vente et la revue régulière de ses titres. L’investisseur doit également maintenir une diversification suffisante, faire des choix concernant sa stratégie de couverture et gérer les flux de trésorerie.

Réduire le risque du portefeuille

Tout investissement, même prudent, implique bien entendu une part de risque de perte. Le meilleur moyen de se prémunir contre ce risque est de diversifier son portefeuille. Le nombre de titres nécessaires pour maintenir un niveau de risque acceptable n’est pas très important. Détenir entre 10 et 15 positions différentes est généralement suffisant.

Les partisans d’une diversification extrême vivent dans la peur d’un risque idiosyncratique. De leur point de vue, si aucune position n’est significative, les pertes qui pourraient survenir à la suite d’un événement inattendu ne peuvent pas être significatives non plus. Je pense pour ma part qu’un investisseur aura plutôt intérêt à en savoir beaucoup sur quelques investissements que d’en savoir très peu sur une grande quantité de positions. Les toutes meilleures idées d’investissement permettent en général de générer des gains plus importants que les cents ou mille suivantes.

Adopter une stratégie de couverture

Il n’est pas toujours judicieux d’utiliser des instruments de couverture. Ils peuvent être chers, nécessiter un temps important pour leur suivi et surpayer pour une couverture est une aussi mauvaise idée que surpayer pour un investissement. Lorsque le coût est raisonnable, néanmoins, une stratégie de couverture peut permettre à l’investisseur de tirer parti d’une prise de position qui non couverte serait excessivement risquée.

Rester à l’écoute du marché

Certains investisseurs achètent et conservent leurs positions sur le long terme. Une telle stratégie pouvait faire sens dans le passé, mais elle semble aujourd’hui peu judicieuse car les marchés financiers créent sans cesse des opportunités d’investissement. Les investisseurs qui sont déconnectés du marché auront du mal à acheter et vendre les opportunités régulièrement offertes par celui-ci. En effet, il y a de nombreux intervenants sur les marchés qui n’ont que très peu de connaissances des fondamentaux des entreprises dans lesquelles ils investissent et les occasions d’acheter ou de vendre semblent se présenter rapidement à eux.

A l’inverse, avoir un œil permanent sur les marchés peut aussi poser problème. Les investisseurs peuvent devenir obnubilés par les moindres variations à la hausse ou à la baisse et finir par succomber à la tentation d’un investissement à court terme.

Lisser ses achats dans le temps

L’un des facteurs déterminant dans le processus d’achat et de vente est de réagir de manière appropriée aux fluctuations des marchés. L’investisseur doit apprendre à ne pas céder à la peur lorsque les prix chutent, ni à l’appât du gain lorsque les prix s’envolent. Il est important de savoir comment acheter. A mon avis, les investisseurs devraient de manière générale s’abstenir d’acheter une position en une seule fois. Initier une position partielle permet à l’investisseur de conserver une marge de manœuvre pour diminuer son prix de revient si le cours venait à baisser.

La capacité d’un investisseur à renforcer une position à la baisse permet de distinguer un réel investissement d’un achat spéculatif. Si l’action offre une vrai opportunité, l’investisseur n’hésitera pas à renforcer sa position. Si, avant même d’avoir acheté, vous savez que vous ne seriez pas prêt à renforcer votre position si le titre venait à baisser, vous ne devriez vraisemblablement pas acheter du tout.

Vendre ses titres : une décision difficile

Savoir à quel moment vendre est difficile et pour éviter d’être confronté à cette difficulté, certains investisseurs mettent en place des règles de vente basées sur un ratio spécifique, comme le P/B ou le P/E. D’autres vont se fixer des seuils de gains et lorsqu’ils auront réalisés x% de plus-value, ils vendront. D’autres encore définissent leur objectif de vente lors de l’achat, comme si aucun événement susceptible d’influencer la décision de vendre ne survenait durant la période de détention du titre. En réalité, aucune de ces règles n’a vraiment de sens. 

La décision de vendre ou d’acheter doit être basée sur la valeur intrinsèque de l’entreprise. Savoir exactement quand vendre ou acheter va dépendre des alternatives qui s’offriront à l’investisseur. Il serait par exemple ridicule de conserver une position pour quelques points de gain supplémentaires sur un titre qui s’échangerait tout juste sous sa valeur intrinsèque lorsque le marché offre par ailleurs de nombreuses opportunités. A l’inverse, on évitera de vendre une position en plus-value (et d’être imposé sur cette plus-value) si le titre est toujours nettement sous-évalué et s’il n’existe par ailleurs aucune autre opportunité.

Certains investisseurs utilisent des ordres stop pour bien souvent vendre des titres à un prix légèrement inférieur à leur prix de revient. Cette stratégie pourrait sembler efficace pour limiter le potentiel de perte, mais elle est en fait stupide. Au lieu de profiter d’une baisse du marché pour augmenter ses positions, un investisseur qui adopte cette stratégie agit comme si le marché était mieux informé qu’il ne l’est sur son investissement.

Conclusion

Les personnalités et les objectifs de chacun vont influencer la manière de gérer son portefeuille de manière plus ou moins importante. Cependant, des stratégies d’achat et de vente bien rodées, une diversification appropriée et une couverture prudente sont des éléments clés de réussite pour l’ensemble des investisseurs. Ces éléments produiront un maximum de résultats s’ils sont associés à une approche value.

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