Seth Klarman, Margin of safety – Les spéculateurs et les investisseurs condamnés à l’échec

La première partie du livre est consacrée à la psychologie de l’investisseur et aux écueils auxquels celui-ci est amené à faire face. Dans le premier chapitre, l’auteur présente ce qui différencie un investisseur d’un « spéculateur » et insiste sur l’importance de la gestion des émotions qui est selon lui déterminante pour tirer parti des opportunités qu’offre « M. Marché ».

« La gestion des émotions est primordiale pour la plupart des investisseurs, en particulier lorsque les marchés sont volatils. Il est crucial pour l’investisseur de comprendre la différence entre spéculation et investissement et d’apprendre à tirer parti des opportunités que propose M. Marché. »

Contrairement aux spéculateurs, les investisseurs pensent que sur le long terme, les prix des actions ont tendance à refléter l’évolution des fondamentaux de l’entreprise.

Un investisseur dans une action s’attend à tirer profit de son investissement par au moins l’un des 3 moyens suivants : (i) les cash-flow générés par l’entreprise, qui finiront par se refléter dans le prix de l’action ou qui seront redistribués sous forme de dividendes, (ii) une augmentation du multiple que les investisseurs sont prêts à payer pour l’entreprise, (iii) une réduction de l’écart entre le prix de l’action et la valeur intrinsèque de l’entreprise.

Les spéculateurs, à l’inverse, achètent et vendent des actions car ils sont convaincus que leur prix va augmenter ou baisser. Leur jugement n’est pas basé sur les fondamentaux mais sur une prédiction du comportement des autres.

Les investisseurs qui réussissent sont de nature impassible et savent tirer parti de l’appât du gain et des craintes des autres intervenants sur les marchés. Confiants dans leurs propres analyses et leurs jugements, ils répondent aux turbulences qui peuvent survenir sur les marchés de manière stoïque et ne se laissent pas submerger par leurs émotions. 

Un investisseur qui réussit se montrera prudent dans un marché euphorique et confiant dans un marché fortement baissier. La manière dont un investisseur appréhende le marché et ses fluctuations est un élément déterminant de son futur succès ou échec.

Les investisseurs et spéculateurs trop émotifs finissent inévitablement par perdre de l’argent. À l’inverse, les investisseurs qui profitent de l’irrationalité périodique de « M. Marché », sont plus à même de réussir dans la durée.

Les fluctuations quotidiennes de M. Marché semblent avoir un impact sur les prises de position récentes d’un investisseur. Une hausse du prix suite à un achat récent renforcera la conviction vis-à-vis de l’action, une baisse du prix, à l’inverse, dégradera cette conviction.

L’enthousiasme de M. Marché qui se traduirait par une hausse du cours d’une action peut facilement influencer la perception d’un investisseur qui aurait récemment acheté cette action. On peut alors croire que l’action vaut plus que ce que l’on pensait et renoncer à la vendre, plaçant ainsi le jugement de M. Marché au-dessus de son propre jugement. On pourrait aussi décider d’acheter d’avantage d’actions, en cherchant à anticiper les évolutions futures de M. Marché. Aussi, tant que le cours continue de monter, il peut être tentant de conserver l’action, ignorant une possible détérioration des fondamentaux ou une diminution de la valeur intrinsèque. De la même manière, lorsque le prix d’une action baisse suite à un premier achat, la plupart des investisseurs deviennent naturellement inquiets. Ils commencent à se demander si M. Marché n’est pas mieux informé qu’ils ne le sont ou craignent que leur jugement initial ait été erroné. Il est ainsi facile de paniquer et de vendre au plus mauvais moment. Néanmoins, si l’action était vraiment une affaire lors de son achat, la logique voudrait que l’investisseur profite de cette baisse pour acheter davantage d’actions.

A court terme, seuls l’offre et la demande déterminent les prix du marché. S’il y a beaucoup de gros vendeurs et peu d’acheteurs, les prix chutent, parfois de manière démesurée. Un déséquilibre entre l’offre et la demande peut être la conséquence de ventes en fin d’année pour des raisons purement fiscales, du retrait brutal d’un investisseur institutionnel important suite à la publication de résultats décevants ou d’une rumeur concernant la société. La plupart des variations journalières sont le résultat des fluctuations de l’offre et de la demande plutôt que d’un changement au niveau des fondamentaux. 

Les tentations des marchés financiers sont nombreuses pour un investisseur vulnérable. Il est facile de se tromper et de spéculer au lieu d’investir. La gestion des émotions est primordiale pour la plupart des investisseurs, en particulier lorsque les marchés sont volatils. Il est crucial pour l’investisseur de comprendre la différence entre spéculation et investissement, et d’apprendre à profiter des opportunités que propose M. Marché.

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